Alan - Les notes d'une vie.

Pauvres poupées
Qui vont qui viennent (Allan Allan)
Pauvre fantôme
Etrange et blême (Allan Allan)
J'entends ton chant monotone
La nuit frissonne (Allan Allan)
J'entends ton cœur fatigué
D'avoir aimé (Allan Allan)

D’étranges rêveries comptent mes nuits
D'un long voyage où rien ne vit
D’étranges visions couvrent mon front
Tout semble revêtu d'une ombre
L’étrange goût de mort
S'offre mon corps
Saoûle mon âme 1usqu'à l'aurore
L’étrange Ligeia renaît en moi
De tout mon être je viens vers toi

Masque blâfard
Tu meurs ce soir (Allan Allan)
Masque empourpré
De sang séché (Allan Allan)
D'où vient ta peur du néant
Tes pleurs d'enfant (Allan Allan)
Qui sont les larmes
De tes tourments ? (Allan Allan)

D’étranges rêveries comptent mes nuits
D'un long voyage où rien ne vit
D’étranges visions couvrent mon front
Tout semble revêtu d'une ombre
L’étrange goût de mort
S'offre mon corps
Saoûle mon âme 1usqu'à l'aurore
L’étrange Ligeia renaît en moi
De tout mon être je viens vers toi...

Mylène Farmer. Allan.

Préface.

Parfois, il m’arrive juste de marcher sans penser. Bien sur, on dit souvent « c’est impossible de ne pas penser, il y a toujours matière à penser et même lorsque l’on croit que l’on ne pense pas, on pense ! ». C’est faux. Moi, parfois, je marche et je ne pense pas. Bien sur, mes yeux sont posés sur quelque chose, je regarde et observe sans un mot. Mais cela ne veut pas dire que je pense.

Si parfois, lorsque vous marchez dans les rues de Paris, vous me voyez marcher aussi, priez vos Dieux pour que je ne fasse qu’errer, sans penser. Car si je pense… Vous ne pourrez vous échapper. Vous serez mien.

Je suis Alan Linard. Je suis né en 1893 et je suis mort à l’âge de 21 ans. Et je suis un vampire.

Alan - Les notes d'une vie. Alansignature

Do you live, do you die, do you bleed, for the fantasy... ? 30STM.The Fantasy.

Chapitre 1.
Car il y a toujours un début. Mais pour moi ; il n'y aura jamais de fin.

Je ne sais pas très bien par où commencer… Il me semble que l’écriture a toujours servi d’exutoire, surtout dans mon cas. Lorsque l’on est seul, ou qu’on pense l’être, rien de tel que de raconter sa vie par écrit. J’ai longtemps hésité à écrire. Comme beaucoup de choses. Les premiers jours qui ont suivi ma transformation, par exemple, j’ai hésité à sortir. J’étais effrayé. Je restais recroquevillé dans un coin de la pièce, à me ronger les ongles. Pourquoi moi ? Pourquoi tout avait changé si soudainement ? Mes sens… Ils s’étaient décuplés. Mon apparence avait légèrement changé aussi, ma perception des choses, mes besoins et mes envies, tout. Tout avait changé. Et je ne savais pas comment faire pour y remédier. Alors je restais assis, par terre, à ruminer et me lamenter. Comme la plupart des personnes qui changent sans leur consentement, j’avais peur. Mais plus les jours passaient et plus j’avais l’impression de louper quelque chose. Mon corps me criait de sortir la nuit, de dévaler des pentes et d’arpenter les rues de la ville afin de trouver un moyen d’évacuer cette frustration qui me hantait. Oh, Alekseï était là hein. Mon Créateur. Ouais, ça sonne un peu… Glauque. Il n’est pas mon père. Il n’est pas non plus mon frère ou quelqu’un de ma famille, je ne le considère pas dut out comme un amant ou un ami. Il est juste… Mon Créateur. Rien de plus, rien de moins. Enfin, je ne sais pas. Il est bizarre, et je suis certainement bizarre à ses yeux. Je m’en fous. Il y a ce lien aussi, mais on s’en fout un peu tout les deux. Je lui obéis, parce que c’est ainsi, mais il ne me fait pas chier non plus. Il sait qu’il n’a pas intérêt. Une fois, j’l’ai mordu. Oh, pas pour boire son sang, juste parce qu’il m’avait énervé. Il ne sous-estimera plus la force de mes petites canines. Bref. Alekseï. Le Russe qui m’a transformé pendant la Première Guerre Mondiale. Enfin, ce n’est pas de ça que je voulais parler. Oui, voilà ; mon état. Oui, ce mec était là, mais sans l’être vraiment. Je ne me débrouillais pas seul non plus. Il m’a instruit, m’a appris quelques trucs de base, mais ça s’arrêtait là. J’étais là. A en vouloir plus. Je devais trouver le moyen, seul, d’évacuer tout ce trop pleins d’informations. J’étais un vampire, et je n’avais pourtant pas eu le courage encore de boire du sang. Du sang. Ça me paraissait ridicule. Pourtant… Pourtant… Quand j’en parlais, j’en salivais. J’en salive, là, rien qu’à l’idée de l’écrire… Oh, oui, j’en frissonne. Ahem. Ma première victime. Je m’égare. Je ne travaille pas assez souvent sur la focalisation d’une chose, je m’éparpille souvent. Peut-être un effet secondaire du vampirisme, ou même… Enfin.

Oui, première victime. Je l’ai suivie. Elle était blonde. Une magnifique blonde, il faut l’avouer. Sûrement aidait-elle les quelques infirmières sur le front car elle semblait occupée. Occupée à faire quoi, c’est une question que je ne résoudrais jamais. Je n’avais pas changé de vêtements depuis ma transformation. De toute façon, la plupart des odeurs corporelles avaient disparu. Je ne m’encombrais plus l’esprit avec ça. Je portais donc mon uniforme de soldat, de « poilu » comme on aime à nous appeler désormais. Je me suis approché d’elle, et bien sur, elle a sursauté. Voyant l’uniforme que je portais, elle a commencé à me parler. Impossible de me rappeler de ses mots ; j’étais trop occupé à regarder ses lèvres ou son cou. Je battais des cils comme une adolescente amoureuse. Je sentais son odeur de savon, j’arrivais même à entendre chaque pulsation qu’émettait son cœur. Que pouvais-je faire d’autre que me rapprocher d’elle ? Elle a fait un pas en arrière, puis je me suis jeté sur elle. Je n’ai entendu que ses cries. Je n’ai senti que le sang glissant le long de ma gorge. Puis après… Plus rien.

Je me suis réveillé dans la chambre que l’on m’avait attribuée, celle chez les Negens. Alexseï était assis au pied. Il m’a toisé du regard et il est parti. Je me souviens avoir pleuré durant des heures. Ensuite, j’ai eu envie de recommencer. Et j’ai recommencé. Chaque soir, chaque fois que j’en avais l’occasion, je sortais et je tuais. Juste pour avoir le plaisir de goûter quelque chose d’interdit. Juste pour avoir le plaisir de gémir et me plaindre ensuite. Même en l’écrivant, je me sens toute chose… C’est assez étrange comme sensation. Bref. Peu importe. Je recommençais, je recommence et je recommencerais jusqu’à ce que la Mort décide de venir me prendre. Mais étant immortel, je doute qu’elle y arrive de si tôt. Qu’elle vienne de toute façon, je l’attends avec impatience. Ma douce mort…

Alan - Les notes d'une vie.

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