Elle s'était couchée tard. Elle avait étudié les maigres document et les très vagues renseignements qu'elle avait trouvé sur le jeune homme qu'elle avait cru reconnaître. Elle avait tenté d'y découvrir des indices plus concrets, mais en vain. Elle s'était donc couchée un peu contrariée et elle avait plus ou moins bien dormi. Elle sait que c'est malsain de garder les contrariétés au lit, mais elle avait bien tenté de repousser sa contrariété, mais elle n'y était pas arrivée. Elle avait cessé de se tourner et de se retourner quand elle s'était souvenu qu'elle se trouvait sous les mêmes couvertures que l'homme le plus merveilleux du monde. Elle s'était blottie contre lui et s'était endormie.

Elle l'a bien senti se réveiller et se lever, mais elle avait été incapable de faire de même. Elle était souvent levée avant lui, mais ce matin, son corps réclamait encore du sommeil. De toute façon, il était capable de se faire un café tout seul. C'était un grand garçon. Et il n'avait pas non plus réclamé sa présence. Elle en avait profité pour dormir. Elle ne l'avait presque pas entendu sortir. Une vague impression, mais sans plus. C'est pour cette raison qu'elle n'avait pas vraiment cherché quand elle s'était levée vers 11h et qu'elle ne l'avait pas trouvé dans l'appartement. Elle avait aussi rapidement déniché le papier explicatif. Des trucs important qui l'avaient empêché de dormir ? Oh, pauvre amour... si elle-même n'avait pas été si contrariée la veille, elle s'en serait rendue compte. Bon sang...

Tout en prenant son petit déjeuné, elle reste dubitative à ce sujet. Elle ne s'était même pas rendue compte que Simon était si préoccupé. Elle n'aurait pas du être si égocentrique... oui, Simon était un grand garçon, mais elle n'aimait pas le savoir préoccupé au point de ne pas dormir. En temps normal, elle l'aurait détecté rapidement et elle lui aurait fait une infusion tranquillisante ou trouvé un autre moyen de le détendre. Mais hier, elle était elle-même trop préoccupée pour voir que son époux l'était aussi. Heureusement, Veronica savait gérer ses priorités. D'accord, porter secours au jeune homme qu'elle croyait avoir déniché était important, mais Simon l'était bien davantage à ses yeux.

Elle avait passé le peu du reste de la matinée à paresser. Elle était allée travailler un moment aussi au rez-de-chaussée, mais elle n'avait réussit à rien de concret avec la carte de Paris et le pendule. Et elle savait très bien pourquoi. Elle ne se concentrait pas assez sur ce jeune homme qu'elle recherchait. Toutes ses arrières pensées ne se tournaient que vers un seul. Simon. Un quelque chose la dérange dans tout ça. Non. Elle doit se concentrer sur celui qu'elle cherche. Elle ferme les yeux et inspire. Elle passe la main au-dessus de la carte, le pendule attaché à la jointure du majeure, elle laisse les Forces lui indiquer la position. La pointe du pendule flotte au-dessus de la carte, tirant parfois vers le sud, parfois vers le nord. Elle lui imprime un léger mouvement rotatif, question que le pendule touche toutes les directions, puis le mouvement rotatif tend à tirer vers le centre de la carte. Sa main s'avançe vers une endroit précis. Elle se dit que ça devait être là, mais elle refit le test deux et encore une dernières fois. Parce que trois fois plutôt qu'une. Une fois assurée, elle prit le temps de s'habiller et elle se mit tranquillement en route.

La distance n'était pas très longue vers le point que lui avait désigné le pendule. Mue par une impulsion soudaine, elle s'arrête en chemin pour prendre un petit quelque chose à manger. Une collation n'était pas de refus. Elle aurait de quoi partager avec le jeune homme. Quoique plus elle avançait vers le point fixé par le pendule, plus elle doutait d'y trouver ce qu'elle cherchait en fait. Elle allait certes trouver autre chose, mais pas ce qu'elle cherchait au départ. Peu importe. Ça n'allait pas la tuer. Probablement pas.

Parce que le pendule n'a pas la précision exacte de déterminer l'emplacement exact, elle pénètre dans le bâtiments et parcours les couloirs, jusqu'à entrer dans la bibliothèque. Elle ne s'attendait pas vraiment à se retrouver à la bibliothèque. Peu importe, elle irait jusqu'au bout. Elle marcha à travers les rayons, aussi silencieusement que lui permettaient le son de ses pas. Elle mit un moment pour faire le tour de la bibliothèque, l'esprit ouvert à qui elle vient trouver ici. Elle s'arrête soudainement et fait demi-tour. Elle est très près de son but. Elle s'arrête et pose sur l'ensemble son regard sombre.

Oh... elle est surprise quelques secondes de qui elle y trouve, mais en même temps, ce n'est pas si étonnant. À vouloir trop se concentrer sur un autre, c'est lui qu'elle a trouvé. Elle s'approche de la table et son regard tombe sur les bouquins que Simon lit. Elle a un léger froncement de sourcils. C'est pas très droit et justice, ça. C'est même très souvent le contraire. Mais peu importe. Elle saura bien pourquoi il est préoccupé. Il ne l'a surement pas entendu approcher tant il a l'air concentré. Délicatement, elle glisse ses bras autour de son cou et pose un baiser sur sa tempe.

- Alors c'est ici que tu te caches un jour de congé ?

La question était légitime. Ils avaient si peu de congés en même temps. Mais ce n'était pas un reproche. Pas du tout.

Elle le sentit frémir tout contre elle. Pas de crainte, seulement une surprise. D'ailleurs, elle devine tout de suite qu'il semble vachement surpris de la trouver là. Elle est la première surprise de ce fait, mais elle ne le lui dira pas. Une épouse Cuervo sait toujours où se trouve son époux. C'est dans la famille, depuis des centaines d'années, voir peut-être plus. Mais on sait qu'il n'y a que les écrits qui restent. Malheureusement, les écrits n'ont jamais été la force des instinctifs.

Veronica remarque que Simon semble très concentré sur ce qu'il lit. Ce n'est certes pas pour simplement le distraire. Il n'aurait pas jeté un coup d'oeil à la page pour la retenir. Enfin, peut-être que si, mais Veronica sentait chez lui un intérêt particulier. Veronica connaissait son époux. Elle l'avait déjà vu plongé dans des livres de droits et de jurisprudence, mais cet éclat dans l'oeil quand il pose un regard sur elle dénote la particularité des causes qu'il a préféré, celles qui ont particulièrement captés son attention. Pourquoi « Les Loups d’Europe » semble-t-il capter autant son attention ? Est-ce son animal fétiche ? Tous les sorciers ont leur totem, particulièrement les Métamorphes, mais elle n’avait jamais remarque que Simon puisse être aussi captivé par les loups. Et puis, le loup n’allait pas du tout à Simon. De plus, Simon n’était pas un sorcier. Pourquoi aurai-t-il voulu avoir un animal totem ?

C’est une question qu’un baiser sur la joue vient mettre en veilleuse, mais pour quelque secondes seulement. Non parce qu’elle reporte son attention sur les livres, mais parce que Simon en dit beaucoup trop qu’il aurait du. Elle est épouse d’avocat, elle connaît donc les caractéristiques de son époux en mode Me Abbott et en mode Simon. Et elle a l’impression de le voir en cours, en train de suggérer au jury ce qu’il doit penser et surtout, croire. Elle répond un non souriant à ses trois questions. Non, il n’est pas caché dans les rayons. Non, il n’est pas accoutré bizarrement pour être méconnaissable. Et non, il n’est pas assez idiot pour se cacher dans sa propre ville. Il est avocat, il n’a pas à se cacher, à moins de faire des choses répréhensibles, ce qui n’est pas vraiment le genre de Simon. Du moins pas à sa connaissance. Évidemment, son aura n’est pas parfaitement pure, mais pas moins que la sienne. Et puis bon, il est avocat, elle ne demande pas l’impossible, non plus. Un autre baiser, et le doute tombe à la réplique suivante. Elle lui répond pourtant sur un ton de pure innocence. Croire un avocat est toujours flatteur et Simon n’y échappe pas.

- Bien sûr que non, il n’y a aucun mal à se cultiver. Ce n’était pas un reproche, tu sais. Disons que c’était une insinuation générique. Tu n’étais pas à ton cabinet, alors comme tu disais dans ton petit mot que tu avais des affaires importantes à régler, qui t’empêchaient de dormir, je me suis dit que tu ne pouvais qu’être ici, dit-elle sans rien laisser paraître, l’air de pure innocence, avant de revenir perfidement sur le sujet délicat. Mais je ne savais pas que tu avais une cause ayant traits aux chiens. Un de tes clients veut prouver que son voisin a un loup plutôt qu’un chien et tu dois le prouver ?

Veronica a toujours dégagé cette impression d’innocence, mais personne n’a jamais pu la considérer naïve. Veronica pouvait avoir la perspicacité d’un cobra, mais elle était fondamentalement une douce femme. Ils furent interrompus par le grondement du ventre de Simon. Elle hausse les sourcils et lui adresse un sourire moqueur.

- Oh, oui, un café et un petit quelque chose à grignoter ne te fera pas de mal à ce que j’entends. Elle lui sourit encore une fois et s’approche, avant de poser un baiser sur ses lèvres. Ça t’apprendra à filer avant que ton épouse ne t’ait préparé ton petit déjeuner.

Veronica, lorsqu'elle propose son idée de cause avec des loups considéré comme des chiens, voit tout de suite qu'elle l'a légèrement froissée. Il aurait du répliquer, parce que c'était tellement futile, mais il ne dit rien. Autrement, il aurait été obligé de s'expliquer. La réaction de Simon surprit tout de même Veronica. Qu'avait-il de si important dans cette étrange lecture pour se cacher et d'accepter qu'elle prétende quelque chose d'aussi absurde. D'autant plus qu'il n'affirme rien et n'infirme pas davantage. Ces lectures cachaient bien des choses. Devait-elle s'en inquiéter ? Pas pour le moment, peut-être.

- C'est surtout très mauvais pour la santé, réplique-t-elle.

Elle lui sourit, parce que Veronica a toujours été de nature heureuse et joviale, bien que calme et sereine. Elle plaide souvent ses moments de méditation et le fait qu'elle a un époux extraordinaire. Mais en vérité, c'est que pas grand chose n'est jamais venu assombrir son bonheur. Elle a vécu la mort de certains proches certes, mais toute sorcière qu'elle est, ne peut rien contre les maladies incurables et la mort imminente des gens. Elle est sorcière, pas une déesse. Pourtant, elle sent que cette attirance de Simon sur les loups, sans trop savoir pourquoi, est de mauvaise augure. Mais elle sait que ce n'est pas tant le sujet que le fait qu'il tente de lui cacher quelque chose. Faire des cachoteries à une sorcière est souvent très mauvais pour le karma.

Elle l'observe emporter les livres pour les ranger. Il en prend beaucoup trop à la fois, comme s'il voulait l'empêcher de voir tout ce qu'il a pu lire ou envisager de lire pendant qu'il range les autres. Elle le laisse faire, parce qu'elle respecte qu'il ne lui parle pas de tout tout de suite. Ça viendra probablement. Elle observe chacun de ses mouvements, comme un chat en surveillant un autre. Les épouses sont particulièrement attentives à ce qui a trait à leur époux. Il est très difficile de leur cacher quelque chose. Surtout quand en plus, l'épouse est une sorcière.

- Tu vas te blesser, Simon, dit-elle en secouant légèrement la tête.

Ce n'est pas non plus un reproche. C'est une constatation. Quand il a tout rangé, elle le suit tranquillement, sereinement, pour aller prendre un café. Ils n'ont pas à marcher longtemps. Elle apprécie le fait de rester entre les murs du bâtiment. Il fait frais en début d'après-midi et bien qu'elle ait choisit Paris pour y vivre, elle ne s'est jamais vraiment habituée au froid cru et humide, elle qui vient de l'Amérique du sud. Pourtant, elle ne se plaint pas. Elle a fait son choix... et elle a Simon pour la réchauffer la nuit. Les mains enroulée contre la minuscule tasse de café, elle tente de réchauffer ses doigts.

- Oh, je n'étais pas inquiète. Mais c'est ton jour de congé. Elle baisse les yeux sur sa tasse, quelques secondes avant de les relever. J'avais envie de te voir. Ce qui n'était pas faux puisque le pendule l'avait mené à lui. Et comme ça n'a pas été une grosse semaine, je me demandais ce qui pouvait hypothéquer ta fin de semaine et t'empêcher de dormir. Elle prend le temps de le détailler attentivement, sans ciller. Tu ne devrais pas manger quelque chose ?

Veronica était très et parfois trop souvent prévenante. Elle était le genre d'épouse à anticiper les envies de son époux, même parfois certaines envies qu'il n'avait qu'à peine envisagé. Veronica était une véritable encyclopédie. Elle savait des tas de choses. Parfois plus ou moins en profondeur, mais elle semblait parfois connaître tout. Elle avait une culture générale assez développée. Évidemment, quand on est enseignante, c'est un petit plus.

Bien sûr que Veronica est inquiète. Pas au point de se rendre malade, mais certainement au point que le fait qu'il refuse de manger, quand il a manifestement faim, l'irrite. Elle déteste quand il fait ça. Ensuite, il est bougon parce qu'il a trop faim. Elle ne comprend pas son obstination. Elle sait qu'il peut être absorbé par son travail au point d'oublier de manger, mais c'est bien la première fois qu'il refuse de manger une fois qu'il se rend compte qu'il a faim. Elle le scrute attentivement, les yeux à peine plissés, attentive au moindre détail susceptible de lui donner un indice sur quoique ce soit. En fait, elle ne savait trop que penser des lectures de son époux et c'est plus cette raison qui la rend inquiète.

La première phrase de Simon, annonçant qu'elle détestait qu'il lui cache des choses fut de très mauvaise augure. Ça commence mal une phrase qui se veut rassurante. Elle devine aisément qu'il n'essaie pas de la rassurer, mais de lui indiquer un fait. La suite ne lui plait guère davantage, surtout lorsqu'il parle de garantir leur mariage. Une ombre de crainte passe sur son visage. Certes, Veronica est une sorcière, mais on sait que la plupart des méchantes sorcières, celles qui ont été les plus populaires dans les contes, sont en fait des sorcières trahies. Il la voir serrer la mâchoire. Veronica est une femme après tout. Son esprit déraille un instant, imaginant une suite probable de faits qui pourraient conduire Simon à parler de garantir leur mariage, surtout à propos de recherches dont elle n'a pas saisit toute l'ampleur. Elle se raisonne, parce qu'elle n'a pas le droit de perdre le raison. Ça fait aussi de méchantes sorcières. La mâchoire serrée, elle répond brusquement.

- Simon, crache-t-elle d'un ton sec, je...

Et elle se fige. Ce n'est pas non plus comme si elle ne cachait rien à son époux. Elle se bat une ou deux secondes avec l'idée qu'il a peut-être des ennuis et qu'il essaie de la protéger. Ce sont des choses qui arrivent quand on est avocat. C'est un peu pour cette raison qu'elle lui cache le fait qu'elle est une sorcière et que son école accueille les gens comme elle. Mais elle n'est pas certaine de supporter l'idée qu'il ait des ennuis. Elle fait un compromis avec elle-même. S'il a des ennuis, elle va le talonner. S'il n'en a pas, elle va accepter de ne pas tout savoir. Son visage se détend, elle n'est plus furieuse. Elle dévisage maintenant Simon avec un pointe d'inquiétude flagrante dans le regard.

- Tu me le dirais si tu avais des ennuis, n'est-ce pas ?

Ne s'étaient-ils pas promis de veiller l'un sur l'autre, jusqu'à ce que la mort les sépare ?

Elle n'aimait pas s'énerver ainsi. Elle qui est habituellement d'être si calme, si patiente, si délicate, elle vient tout juste d'avoir l'impression de déraper sur une pente glissante, sans savoir si elle arriverait à reprendre pied. Ça ne devait pas se reproduire... le moins souvent possible. du moins. Le calme et le sérénité étaient le gage d'une bonne réflexion et de la raison. La panique impliquait le désordre et le chaos. Veronica se voulait calme et raisonnable. On n'arrive à rien en s'excitant. Elle avait reprit le contrôle juste à temps. Et Simon semblait ne pas trop s'en être aperçu. Elle, elle avait senti le silence devenir lourd. Elle avait ressenti le bourdonnement, suintant de magie.

À la réponse de Simon, elle se contente d'hocher la tête et de lui sourire. Elle le croit, sincèrement, même si elle doute qu'il le fera sans doute pas au premier coup. Elle sait qu'il attendra d'être vraiment dans la merde avant de le lui avouer, mais elle espère deviner ou mieux, le remarquer avant. Si Veronica est du genre à ne pas se laisser marcher sur les pieds et à s'imposer plutôt aisément, elle n'est pas tyrannique.

- Les chevaliers n'agissaient que rarement seul, mon amour, lui dit-elle avec un sourire rassurant.

Les guerres ne se gagnent jamais non plus par un seul et unique. C'est toujours à plusieurs que les grandes batailles ont été remportées. Elle ne se pose pas de questions quand il la quitte un moment. Elle sait qu'il reviendra. C'est le genre de choses qu'une épouse ressent. En attendant son retour, elle se réchauffe les doigts sur sa minuscule tasse de café. Même si elle a choisit Paris, elle doute se faire à la température un jour. Sans trop se faire remarquer, elle passe la main au-dessus de sa petite tasse, la main droite, dans le sens horaire. Jamais un sorcier digne de ce nom ne mange trop chaud ou trop froid. Et elle estime que son café était trop froid. Aussitôt, une fine fumée s'échappe de la tasse. Elle y goute et ferme les yeux, satisfaite. C'est si simple.

Quand Simon revient, elle n'a pas l'air d'avoir bougé, mais elle plante son regard sur lui lorsqu'elle l'a dans son champs de vision. D'un plissement des yeux, elle approuve le fait qu'il ait mangé. C'est si mauvais pour la santé de sauter un repas. Elle lui laisse le temps de se rassoir avant qu'il ne reprenne la conversation. Son sourire s'efface juste un peu. Il est tellement bizarre Simon aujourd'hui. D'abord, il refuse de lui dire le but de ses recherches, ni même ce qu'elles impliquent, et maintenant et le voilà maintenant qu'il lui doit lui annoncer quelque chose qui semble plutôt grave. Elle doit avouer qu'elle n'arrive pas à le suivre et qu'elle se méfie. Qu'est-ce qu'il a de si personnel à lui raconter, comme une confidence. Quelque chose de personnel ? Elle croyait bien que les seuls trucs personnels, c'était avec elle. Bref, elle patauge en plein brouillard. Ce qui d'ailleurs est plutôt gênant pour une sorcière. Elle le dévisage une secondes ou deux, puis hoche la tête.

- Je ne dirais rien, dit-elle en posant son index sur ses lèvres.

À qui pourrait-elle bien aller bavasser ça de toute façon ? Quoique ce soit, elle ne le dira pas. Sauf si c'était grave et que ça devait être révélé. Pour le bien de Simon. Bref, elle allait entendre ce que Simon avait à lui dire, ensuite, elle aviserait. Jamais de décision précipités, ni de réaction démesurée. Réfléchir et réagir. Malgré tout, elle reste plutôt bouchée bée lorsque Simon lui pose une question à laquelle elle ne s'attendait pas du tout. Mais où veut-il en venir au juste ? C'était à des lieux de ce qu'elle aurait pu imaginer comme affirmation. D'ailleurs, ce n'était pas une affirmation, c'était une interrogation.

- Euh...

Si Simon eut soudainement l'impression qu'elle énumérait mentalement et à une vitesse impressionnante la liste des invité, c'est parce que c'est exactement le cas. Et il y avait eu beaucoup d'invités, parce que la famille de Veronica était plutôt nombreuse.

- Euh... quelques une de mes cousins et cousines n'ont pas pu venir... dit-elle sans vraiment être convaincue que c'est là où il veut en venir. Elle se mord la lèvre inférieur et fronce les sourcils. Aucune de nos invitations n'est pas revenue... quelques membres de ta famille aussi ont été retenu à Sydney... Elle se tut quelques secondes. Tes parents ?

Les parents de Simon avaient toujours été un sujet chaud... ou plutôt froid et vague. Elle n'avait jamais vraiment insisté parce qu'elle avait ressenti un malaise et parce que Simon changeait de sujet. Elle en avait fait légèrement abstraction, pensant qu'il y avait une mésentente ou quelque chose du genre entre Simon, sa soeur et leurs parents.

Quand elle suppose qu'il parle de ses parents, elle devine tout de suite qu'elle a visé juste et que ça ne lui fait pas plaisir. Pas qu'elle ait deviné juste, mais de parler de ses parents tout court. Depuis la première fois où elle les avait mentionné innocemment, la réaction de Simon l'avait incité à ne plus en parler. Les parents de Simon n'étaient au sujet que lorsqu'il en parlait le premier et Veronica se gardait bien de poser des questions. Elle le laissait parler, sans pousser pour qu'il en dise davantage. Elle se dit que c'était mieux qu'il en parle de lui-même, que ça vienne de lui. Ça venait de lui-même cette fois, encore, mais comme les autres fois, la révélation allait être avorté.

Par contre, cette fois, Veronica dénota une volonté plus encline à le lui révéler. Ça lui est très difficile, visiblement. Veronica ne savait trop que penser. La plupart des gens aimaient se faire plaindre et révélaient volontiers la mort ou d'autres du genre de leurs proches. Mais visiblement, Simon n'était pas des gens qui se plaignent ou qui aiment se faire plaindre. Enfin, si, Simon aimait se faire plaindre mais pas à ce sujet, visiblement. Il interrompit sa phrase juste avant la fin. Il était pourtant bien parti. Veronica se demande si c'est aussi tragique qu'elle l'imagine. Ça semble le tenir très à coeur et en même temps le blesser. Elle pose ses mains sur les siennes, parce que c'est réconfortant et en plus, elle adore le toucher. Le contraire serait anormal, direz-vous, mais quand même, elle adore quand même le toucher. Elle ne s'en lasse pas, mais pas du tout.

Elle ne sait pas ce qu'elle doit penser. Elle voit bien la douleur. Est-ce que c'est la douleur de ce que c'est parent ont fait ou ce qu'ils sont ? Elle ne sait pas trop. Tout ce qu'elle sait avec certitude c'est qu'il ne les a pas vu depuis plus de 10 ans. Elle qui trouve parfois qu'elle ne voit pas assez souvent les siens, elle se sent soudainement bien privilégiée. Elle a une brève pensée pour ses parents. Elle les aime tellement. Elle est certain qu'ils le savent exactement à ce moment là. Les Cuervo Torres ont toujours été sensible à ce genre de trucs. M'enfin bref, son attention devait aller à Simon. Seulement à Simon.

- Oui, rentrons, dit-elle d'une voix douce et invitante.

Parce que c'est ce qu'il veut. Et parce qu'elle a froid, elle ne le contredira pas. Rentrer chez eux, quelle bonne idée ! Un thé chaud ne serait pas de refus. Veronica n'aime pas vraiment le froid. Elle aime le soleil et la chaleur. Paris n'est ni l'un ni l'autre à cette époque de l'année. Veronica n'insiste pas, même si elle en brûle d'envie. En fait, ce n'est pas tant pas avidité à connaître tous les secrets que de voir Simon libéré d'un poids. Et il semble très lourd ce poids. Elle n'aime pas voir Simon dans cet état. Selon elle, Simon se doit d'être parfaitement et sereinement heureux. Tâche qui n'est pas aisée, mais qu'elle espère réussir à atteindre la plupart du temps.

- Et si une fois à la maison, si on retournais se coucher ?

Bah quoi, il n'y a rien de mal à se remettre en pyjama en plein milieu de l'après-midi pour paresser confortablement sous les couvertures.

- Et comme il reste de longues heures avant le soir, on pourrait réserver dans un bon resto, très cher. Prendre le temps et longtemps avant de se préparer, se parer de nos plus beaux atours et aller manger, prendre notre temps pour tout et rentrer que si on en a envie ?

Oui, parce que Veronica et Simon n'étaient pas vraiment à plaindre côté monétaire. Pas des fortunes colossales, mais quand même respectable. Du moins assez pour se gâter sans remords.

Veronica arrivait encore à surprendre Simon. Elle sourit face à son étonnement. Ça semblait si bizarre de retourner se pelotonner sous les couvertures ? Il faisait chaud sous les couvertures, surtout à deux.

-Heu ... Veronica, pour avoir des idées pareilles, tu ne me cacherais pas des choses Du coup, Veronica hausse les sourcil, l'air innocemment coupable. du genre tu prends des stupéfiant ou encore tu serais enceinte et tu as de soudaine envie ?

Elle la fixe une seconde, avec étonnant, puis l'idée la fit rire, franchement.

- Oh, Simon. Je ne prend rien d'illicite. Elle hoche la tête. Et je n'ai pas besoin d'être enceinte, dit-elle avec un éclat presque déçu dans le regard, pour avoir de soudaines envies, ajouta-t-elle, l'air de rien.

Elle soutint le regard de Simon avec son assurance habituelle. Elle n'avait rien à se reprocher. Il y avait pourtant un éclat dans son regard qui paraissait malicieux. Elle avait visiblement une ou des idées en tête qui l'amusaient follement.

-Bon, si tu veux, mais si tu étais fatigué, il ne fallait pas venir me chercher.

Ils se levèrent et sortirent à l'extérieur. Veronica se serra dans son manteau et ils se mirent en marche.

- Oh, je ne suis pas fatiguée. Mais pas fatiguée du tout, insista-t-elle en lui adressant un autre éclat brillant dans le regard et un étrange sourire.

L'air de rien, elle lui sourit et poursuivit sa route.

-Quand on aura le temps, on se prendra des vacances dans une région où il fait chaud.

Elle lui adresse un regard de biais. Pourquoi il faisait une telle proposition. Mais c'était une excellente idée. Quelques jours de plages, à ne panser à rien d'autre qu'à la chaleur, les vagues et le sable, le tout agrémenté d'une boisson alcoolisée et sucrée.

- Oh, excellente idée, dit-elle en se demandant tout de même quand cette idée allait se réaliser.

Avec le boulot de Simon et son boulot à elle, c'était pas gagné. Mais elle n'eut pas le temps de pousser plus loin la réflexion, elle se retrouva étroitement serrée contre Simon. Elle lui rendit son baiser avec un enthousiasme électrisant. Il y avait eu le premier regard. Puis le premier intérêt de l'un à l'autre. Et le premier frisson de seulement sentir sa peau contre la sienne ne s'était jamais atténué. Elle doutait que ça s'atténue un jour, comme elle doutait qu'elle puisse un jour s'y habituer. Ce serait pour toujours un frisson maintes fois renouvelé.

-Je me demande encore comment un type aussi nul, laid et stupide que moi a pu se marier avec une femme douce, intelligente et aussi extraordinaire que toi.

Jamais il ne pourrait l'étouffer. Surtout pas quand il faisait si froid. Elle eut une petite moue un peu contrariée. Elle n'aimait pas ces qualificatifs adressées à Simon. Surtout pas venant de lui-même. Mais elle savait comment tourner ça à son avantage.

- C'est parce que tu es un avocat et c'est bien connu que les avocats aiment bien provoquer les gens en disant le contraire pour obtenir des aveux. Et là, tu dis des bêtises pour que j'avoue à quel point tu es brillant, magnifique et merveilleux. Elle hoche la tête. Technique efficace. Elle ajoute, d'un ton taquin. Ou alors tu dis la vérité mais mon amour pour toi m'aveugle de tous ces terrifiants défauts. Elle hausse les épaules. Il est trop tard pour me faire changer d'avis, Simon Abott, nous sommes mariés. Fallait y penser avant avant d'épouser une Torres.

Oui, Simon avait déjà entendu ce genre de réplique à propos de femmes Torres, les soeurs et les tantes maternelles de Veronica. Surtout venant de sa mère quand elle reprochait à un de ses gendres ou un de ses beaux frères de se plaindre de son épouse. Elles étaient nombreuses et semblaient être heureuses en ménage.

Elle lui adresse un sourire de pure victoire, elle lève le menton et fait demi tour, sans lâcher sa main, l'obligeant à la suivre. Veronica estimaient en toute sincérité qu'ils étaient un ménage heureux.

Elle n'eut pas le loisir de faire beaucoup de pas. Premièrement parce que Simon ne se tracte pas comme un chien, deuxièmement parce que si c'était le cas, ce serait un chien très désobéissant. Et accessoirement parce que Veronica le narguait bien plus qu'elle n'était pressée. Elle voulait le provoquer, le titiller. Et ça fonctionnait. Très bien même. Elle n,offrit que très peu de résistance quand il l'attira à nouveau vers elle. Pourquoi en aurait-elle offert ? Elle était bien sans ses bras, non ? C'était plus chaud qu'à l'air libre. Elle accepte le baiser avec un plaisir sans équivoque. Elle acceptait toujours les baisers de Simon avec plaisir.

- Pressée ? Je ne suis pas pressée, juste... enthousiaste, dit-elle, souriante. Tu veux vraiment aller te perdre dans le métro ? On peut marcher.

Veronica n'a jamais vraiment apprécié le métro. Elle faisait presque tous ses déplacements à pieds. Été comme hiver, sous toutes les températures, elle marchait, infatigable. Elle prenait l'avion parce qu'elle n'avait pas vraiment le choix et que le bateau était trop long. Elle tolérait la voiture, parce qu'à Paris, c'est difficile de rouler rapidement. De plus, le métro était sous des tonnes de terres. Elle avait parfois l'impression d'étouffer dans une ville si dense, mais elle arrivait à le supporter, parce qu'au moins, on voyait un peu le ciel.

- Oh, je n'en doute pas.

L'idée qu'il prenne son temps l'enchanta davantage, si c'est possible. Elle envisageait très bien la chose. Quelle femme n'aime pas que son homme prenne son temps ? Certaines choses prennent du temps pour être bien faites. Suffisait de profiter de ce moment à deux. La perspective lui plut. On n'était qu'en milieu d'après-midi. En effet, ils avaient amplement le temps de faire tout ça, et plus encore. Ils pouvaient bien aller dîner tard, très tard. Eh non, Simon, Veronica ne se plaindra pas de ces jeux à deux qui prennent du temps. Les gens qui ne s'amusent pas sont trop vieux. Elle n'est pas encore trop vieille. Fort heureusement.

Elle n,est pas non plus du genre à se troubler de penser qu'on peut peut-être regarder son bonheur parfait. Bon, parfait était un certes bien grand mot. Rien n'est parfait, les couple Abbott-CuervoTorres avait parfois ses passages nuageux, voir orageux, mais en général, ils filaient un idéal bonheur. Du moins il convenait très bien à Veronica et elle croyait bien que c'était pareil pour Simon. Alors que les autres les regardent, si ça peut les influencer. Trop de gens sont malheureux et c'est bien triste.

- Fait froid, se plaint-elle, en se serrant davantage contre lui, sans toutefois faire la moindre tentative de se diriger vers la maison.

Simon a toujours été si compatissant. Elle ne lui a jamais caché de toute façon qu'elle était mal à l'aise avec les moyens de transports. Surtout ceux qui se trouvent sous terre. Elle préférait de loin marcher. Le bus ça pouvait passer, de temps en temps, parce que c'était relativement lent et que ça arrêtait souvent. Mais elle préférait marcher. Elle marchait souvent très rapidement et sans se fatiguer. Mais elle devait ralentir le pas avec Simon. Un humain normalement constitué ne pouvait pas rivaliser à la marche rapide avec une sorcière.

Avec un sourire, sans lui lâcher la main, elle passe à droite et se blottie contre son épaule, lui tenant toujours la main fermement, des deux siennes. Elle avait les mains glacées. Veronica considérait l'amour avec une naïveté juvénile. Tout était beau et rose. Il fallait dire qu'ils ne se querellaient pas beaucoup. Veronica était adorable et ne se plaignait pas de grand chose. On pouvait croire sans se tromper que cette femme était de toute évidence heureuse d'être heureuse. Ou peut-être heureuse d'être en vie. Son bonheur était contagieux. Elle traitait bien des déprimes avec une simple tisane. Enfin, elles avaient l'air simple ses tisanes.

- Si on passait par le boulevard Haussmann ? Ça ferait changement des Tuileries que j'ai fait en entier pour venir ici.

Oui, une caractéristique de Veronica. Elle n'empruntait jamais le même chemin pour aller et venir d'un point à un autre. C'était quand même un brin agaçant quand elle faisait emprunter un chemin beaucoup plus long et parfois plus encombré pour le retour. Surtout qu'elle ne conduisait jamais. Elle avait certes son permis de conduire, elle l'avait dans son portefeuille, mais Simon ne l'avait jamais vu conduire de sa vie. Elle disait que ça la rendait nerveuse. Elle n'aimait pas conduire. Mais elle connaissait quand même tous les noms des rues et tous les chemins pour se rendre d'un point A au point B. On ne se perdait pas avec Veronica. Jamais.

Veronica se mit à avancer et presque aussitôt, elle ralentit considérablement le pas. Simon devait la suivre. Elle avait déjà fait trois pas et il en avait à peine fait un. Non, ils ne sont pas pressés. Ils ont tout leur temps. Elle leva vers lui un regard désolé. Elle avait l'habitude de marcher très vite, trop vite. Elle régla son pas au sien et ils se mirent en route.

- Je me demande si je ne mettrais pas ma robe violette ce soir. Elle eut une hésitation. Hum... il fait peut-être un peu froid pour ma robe violette... elle sembla réfléchir quelques secondes, puis, elle leva vers Simon un regard malicieux. Dis, on va danser après le dîner ?

Veronica avait parfois des idées sorties de nul part. Elle ne avait fait la preuve avec les plans de l'après-midi, le dîner et elle remettait ça avec la danse. C'était une bonne idée pourtant. Question de changer les idées de Simon. Il n'avait pas dormi. Quelque chose le chiffonnait et malgré qu'il ait amorcé une révélation à propos de ses parents, elle sentait sans savoir pourquoi que ce n'était pas tout à fait ça.

Simon ne vit visiblement pas d'inconvénients à prendre un chemin ou l'autre. C'était souvent comme ça. Ça n'allait pas vraiment leur prendre plus de temps pour retourner chez eux. Ils étaient plutôt centralisé, près d'un peu tout. Elle lui trouva un air bizarre, mis elle n'en tint pas trop compte. S'il avait des soucis à propos de ses recherches, elle ne lui poserait pas de questions. Il ne lui avait pas demandé de ne pas tenter de lui tirer les vers du nez, mais elle se disait que ce serait cruel de le faire. Elle ne lui poserait donc aucune question à ce sujet. Ce n'est pas parce qu'elle était une sorcière qu'elle allait se servir de certains trucs pour lui faire dire ce qu'il ne veut pas dire. Elle se dit naïvement que ça ne devait pas être dangereux, mais qu'il ne voulait pas l'inquiété.

Elle lui sourit quand il posa la main sur sa joue et ils se remirent à marcher. Elle allait lui servir un thé à son arrivée. Non, plutôt une tisane. Ça allait l'apaiser un peu. Question de détendre l'atmosphère. Pas que c'était tendu entre eux, mais lui, il l'était. Elle s'efforçait donc d'être calme et sereine pour ne pas le troubler davantage. L'idée d'aller danser le ferait bouger un peu et le détendrait sans doute. Mais quand elle le proposa, elle vit tout de suite que ce n'était peut-être pas une si bonne idée. Le regard qu'il lui servit était plutôt incompréhensif. Elle sentit tout de suite que ce n'était pas une bonne idée.

- Oh, mais on peut aussi rentrer à la maison tout de suite après le dîner.

Oui, parce qu'elle tenait à le sortir, à lui changer les idées. S'il pensait à autre chose, il serait peut-être moins tendu. Elle se demande soudainement si elle ne devrait pas lui servir un cognac en arrivant plutôt qu'une tisane. Il semble plutôt ébranlé... bon sang, qu'est-ce qu'il a ? Elle hoche la tête.

- Bon, d'accord, on ira danser une prochaine fois. C'est vrai que ça fait beaucoup pour une soirée. Allons dîner, seulement dîner.

Elle eut un bref regard pour le ciel, puis elle se remit à tirer sur Simon pour le faire avancer.

- Je crois que tu avais raison, on aurait du prendre le métro. Il va pleuvoir. On a peut-être le temps de s'y rendre avant que ça éclate si on se dépêche.

Un vent fort balayait les nuages qui grossissait. Oui, il allait pleuvoir. Mais c'était quand même moins impressionnant que les orages du pays d'origine de Veronica.